La balançoire, 1876 ; Renoir

Huile sur toile, 92 x 73 cm

Musée d’Orsay, Paris

 

Ce tableau passe pour avoir été exécuté dans le jardin de la Rue Cortot avec Jeanne, une jeune montmartroise et peut être le peintre Norbert Goeneutte pour modèles. Bien évidemment ce tableau témoigne des mêmes préoccupations que le Bal du Moulin de la Galette. Le jeu des taches claires et sombres qui ponctuent le sol et les figures y est toutefois un peu plus systématique et ceci choqua profondément le critique de l’Evénement qui fit la revue de l’exposition de 1877 où cette toile était exposée. Il prétend que « les effets de soleil sont combinés d’une façon si bizarre qu’ils produisent exactement l’effet de taches de graisse sur les habits des personnages ».

Tout comme dans Nu au soleil ou Le Moulin de la Galette, dans cette belle scène Renoir il s’intéresse à montrer la distribution des lumières et des ombres en un jour ensoleillé. Les figures essayent de s’éloigner du soleil mais les rayons pénètrent à travers le feuillage des arbres, en créant d’intéressants effets de lumière et d’ombres. La lumière renforce l’intensité des couleurs, tandis que l’ombre se transforme en mauves – procédé très habituel dans l’impressionnisme – dispersée à travers les figures de la scène. Les personnages ont des contours flous pour l’effet atmosphérique, créant une sensation d’air qui empêche de voir avec clarté. La sensation d’instantanéité est ainsi hautement traitée, donnant l’impression que le spectateur écoute la conversation entre l’homme de dos et la femme qui se balance. La touche est rapide, avec des coups empâtés qui se transforme dans certaines zones en taches. La modernité de cette toile ne réside pas seulement dans les vêtements très à la mode des modèles, mais surtout dans la façon particulièrement surprenante dont Renoir exprime le jeu des taches claires et sombres sur la robe de la jeune femme.

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