Au bord de la mer, 1883 ; Renoir

Huile sur toile, 92.1 x 72.4 cm (M)

The Metropolitan museum of Art, New York ; H. O. Havemeyer Collection

 

En 1883 Renoir entame sa période sèche. Le maître lui-même dit que "vers 1883 j’avais épuisé l’impressionnisme et à la fin j’étais arrivé à la conclusion que je ne savais ni peindre ni dessiner. Dit en peu de mots, l’impressionnisme menait à une allée sans issue.  (…) Si un peintre peint directement du naturel, dans le fond il ne cherche que les effets du moment. Il ne s’efforce pas à concrétiser, et rapidement ses tableaux deviennent monotones ". Cette crise provient de son voyage effectué en 1881 et 1882 en Algérie, Italie, et au sud de la France, où il adopte en conséquence une palette plus légère. De plus, en Italie il est fortement touché par la peinture de la Renaissance, surtout par le travail de Raphaël qu’il admire. A cette époque, il y a une réaction perceptible dans son travail contre la technique détachée et peintre de l’impressionnisme orthodoxe. Il commence à souligner des contours, le modelage, et la composition.

Au Bord de la mer est un des premiers exemples de Renoir de cette période « sèche », évidente ici dans la douceur de porcelaine de la jeune face de la femme, le dessin prudent de la figure, et la flatteuse et moins texturée (plus « sèche ») manière de peindre.

On pense que le fond représente les îles Anglo-normandes de Guernesey, que Renoir visita à l’automne précédent de 1883. Le jeune modèle apparaît en premier plan, dirigeant son regard vers le spectateur, assise dans un fauteuil en osier. Au fond, la plage avec les silhouettes des bateaux devant les falaises. Tandis que la figure est traitée avec un dessin juste, spécialement la face et les mains, le paysage qui l’entoure est ébauché grâce à une touche rapide et empâtée, Renoir s’intéressant plus à l’atmosphère et à la lumière que par la définition des formes, en accord  clair avec l’oeuvre de Monet. Ce fond montre clairement que Renoir n’a pas encore abandonné complètement son style Impressionniste classique du milieu et dernières années soixante-dix.  Les tonalités bleues dominent l’ensemble, en créant un contraste attrayant avec les jaunes et  les dorés. Le résultat est une oeuvre de grand impact visuel dans laquelle la figure paraît émerger d’un cadre lumière et couleur qui anticipe l’abstraction.

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