L’Algérienne et son enfant, 1882 ; Renoir

Huile sur toile, 42 x 32 cm

Collection privée

 

Sotheby’s, New York, le 27/06/2000, lot 15; Estimation : $2,080,001 – $2,880,001

 

John House écrit au sujet des deux voyages que Renoir fit en Algérie en 1881 et 1882: ‘Renoir se rendit deux fois en Algérie aux printemps 1881 et 1882. Pendant sa seconde visite, il a dit à son merchand Durand-Ruel qu’il espérait rapporter quelques peintures de figures  »que je n’étais pas capable de faire lors de mon dernier voyage ‘ (J. House, Renoir: Maître Impressionniste, Queensland, 1994 (exhibition catalogue), p. 88). House continue: ‘Son voyage en Algérie en 1881 fut sa première expérience de la lumière éblouissante de la Méditerranée, mais ceci n’a pas lancé de changement soudain dans sa palette. Il avait déjà expérimenté en 1880 les effets généreux de couleur intense […] avant qu’il ne parte pour Alger » (J.House, op. cité., p. 88). Dans le présent travail, la surface peinte comme un bijou capture les qualités effervescentes de la lumière parmi la chaleur du paysage Africain du nord, et il apparaît que, au moins dans cette composition, Renoir s’est particulièrement attaché à relever l’intensité de la coloration de sa palette pour refléter son expérience à Alger. La femme en robe traditionnelle portant son enfant évoque l"exotisme d’Alger et est peut-être l’apothéose de l’intérêt de Renoir dans la femme d’Alger, observé dans les tableaux tels que Madame Stora en Robe algérienne (La Femme algérienne). Tandis que dans les travaux précédents représentant des thèmes algériens, Renoir a utilisé comme modèles des connaissances et des amis algériens à Paris, dans le présent travail il a pu peindre une femme algérienne dans son propre environnement, ses vêtements blancs prenant et résonnant le miroitement des couleurs du paysage autour d’elle. Cette proximité à l’expérience de la vraie vie d’Alger semble avoir fortement embrasé l’imagination de l’artiste, car il capture la scène avec une intensité rare de regard. L’Algérienne et son enfant résulte du second voyage de Renoir en Algérie et est un testament durable à son amour de ce pays et de ses habitants ; à son traitement récurrent du thème de la mère-et-l’enfant ; et à ses pouvoirs de coloriste, amené à un sommet précédemment non atteint par la l’intense lumière Nord-Africaine. Les intérêts de Renoir pour l’Orientalisme ont peut-être été influencés par le propre voyage d’Eugène Delacroix en Afrique du Nord en 1832, quand le maître avait visité le Maroc. Après son retour, Delacroix a peint une série de travaux au cours des années 1840 et 1850 sur le thème de ses voyages en Afrique du nord. Les vives images qu’il a créées d’hommes à dos de cheval et les vibrants costumes qu’il a peints doivent avoir inspirer la propre recherche de Renoir pour une expérience directe de l’exotisme et le mystère de l’Orient. L’Algérienne et son enfant peut être vu comme la réponse de Renoir au genre de l’Orientalisme français qui avait été développé par Delacroix plus tôt dans le dix-neuvième siècle.

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