Danse à la ville, 1883 ; Renoir

Huile sur toile, 180 x 90 cm (M)

Musée d’Orsay, Paris

 

Pour cette élégante scène de danse urbaine ont posé une jeune acrobate du cirque Molier, Maria Clémentine, qui se fera connaître plus tard comme peintre sous le pseudonyme de Suzanne Valadon – modèle employé également dans Danse en Bougival – et Eugène-Pierre Lestringuez.

La position des figures varie par rapport à  Danse à la campagne – en présentant à la dame de dos appuyée délicatement sur l’épaule de son partenaire. Son beau visage se découpe sur l’habit noir du danseur, avec au fond des références architectoniques – pour indiquer qu’il s’agit d’un intérieur – et plusieurs plantes, impactées par la lumière de gaz. Les couleurs employées rappellent Manet, spécialement par l’utilisation du noir contrastant sur le blanc. Le vêtement élégant de longue traîne que porte Suzanne – elle n’apparaît volontairement pas entière par influence de la photographie – a de  magnifiques reflets mauves de la lumière artificielle, ainsi que les plis qui créent la sensation tactile de la toile. Le mouvement ralenti de cette danse a été magistralement interprété, le peintre s’intéressant à chercher les contrastes avec Danse à la Campagne. Mais l’obsession de Renoir en ce moment n’est ni la lumière ni la couleur mais de récupérer le dessin et les volumes, perdues progressivement tant par Monet que par lui-même, en entamant une nouvelle période où les formes occupent une place fondamentale dans sa peinture, appelée "période ingresque" ou "période sèche".

Cet article a été publié dans Portraits 1880-1899. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire